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Sylvain GirO : Les Affranchies
Chanson
Au départ, on pense à Dominique A sur Je t’écris de la France. Les arrangements, le sens du verbe. Dès le second morceau, on compare avec les expérimentations de Noir Dés’, Fontaine, Bashung. Et puis après on se dit non, il y a aussi des influences orientales. Donc on attend le quatrième morceau. Et là il y a des cordes. Bon. On songe du coup à d’autres artistes. Et le truc avec Sylvain GirO, c’est que du premier au dernier morceau, on est tentés de catégoriser sans vraiment trouver la bonne case. Alors on finit par lâcher les comparaisons, et on écoute vraiment. Madame en col bleu, et surtout l’arabisant Le Front de l’éclusier revenant sur le drame du 17 octobre 1961. Profondément, une véritable envie de jouer avec les mots, mais, rare pour le souligner, une capacité à se faire léger, grave, moderne, sentencieux, étrange, et au final inclassable dans sa façon de tout réunir. Le funambule GirO passe de cordes en cordes sans perdre l’équilibre, sans s’épuiser. Comme L’Echo de tes ombres. Comme Pour qui celle-là ? Combien d’albums aujourd’hui nous surprennent après trois-quatre morceaux ? Les Affranchies est un vaste laboratoire expérimental où interagissent parlé et phrasé, grandiloquence et simplicité jusqu’à l’os. Et au final, au bout de plusieurs écoutes, l’impression de tenir là une vraie signature, intime, "sociale et sensible".
- Johann