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La Magie de la harpe
Harpe classique et harpe celtique

A une première approche, la harpe classique développe une tonalité plus onctueuse, incarnée, raisonnante que la harpe celtique plus dynamique, éthérée, méditative : la harpiste Joanna Kosielska et le harpeur Myrdhin en révèlent les beautés et sortilèges. L’une a choisi Albinoni, Haendel, Beethoven et Debussy ; l’autre a retenu airs celtes traditionnels et compositions personnelles. L’Adagio d’Albinoni s’égrène doucement, exposant une organisation savante mais simple. Une suite de Haendel glisse sensiblement vers le compositeur irlandais O’Carolan, son contemporain. Le développement mélodique et la fermeté rythmique de traditionnels bretons comme Da ginit deoc’h hon c’harantez ou Salud deoc’h, o jezus, vinniget dévoilent sous le jeu de Myrdhin une construction rigoureuse qui rejoint Bach. Qui plus est, l’art achevé des deux interprètes libère ce que les airs profanes de la musique classique ou ceux de la tradition contiennent de religieux, au même titre que les préludes priants de Bach recèlent de séculier. Mystère des pierres de Stonehenge ou d’un Clair de lune : la magie des harpes rappelle que la différence crée la rencontre et la réunion. Leçon d’une écoute attentive et enchantée.
- Yannick Pelletier