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DasViken Guitars : l’art et la matière
Découverte
Nichée entre deux collines hérissées d’éoliennes, c’est une maison de campagne comme beaucoup d’autres en Centre Bretagne avec ses ardoises patinées par le temps et ses épais murs de pierre, ceinte d’un bocage verdoyant avec grange et appentis. Une maison comme des centaines qui abrite pourtant un personnage iconoclaste, un passionné jusqu’au-boutiste, obstiné et amoureux de son art.
Gildas Vaugrenard, 36 ans, est luthier comme d’autres sont navigateurs ou aventuriers. Portant la barbe digne d’un forgeron échappé d’un volume de Tolkien, il accueille le visiteur d’un large sourire, avec l’œil pétillant, au cœur de son atelier qui sent bon le travail du bois. Au milieu de la lumineuse véranda construite de ses mains ouvrant sur la vallée, trône un établi abritant une de ses dernières réalisations, conçue avec Frédéric Donval son associé depuis un an.
© Manon Le Bras
Aujourd’hui les deux artisans maltraitent les capots chromés d’une guitare en cours de finition à coup de bains fumants et de flammes de chalumeau… Entre leurs mains, l’instrument a pris forme autour de matériaux bruts et nobles dans des lignes épurées, des courbes racées et une économie de manières qui lui confère une classe authentique taillée pour durer. C’est d’ailleurs tout le sens de DasViken, le nom que s’est choisi Gildas pour baptiser sa société, puisqu’il signifie "Pour l’éternité" en langue bretonne.
« Depuis 50 ans les fabricants leaders reproduisent les mêmes erreurs sans les corriger, en faisant croire aux musiciens que leurs instruments sont l’alpha et l’oméga de la guitare électrique »
De cette envie d’absolu découle une philosophie de fabrication draconienne qui abhorre le plastique, exclut les vernis, interdit les colles synthétiques, les bois exotiques et les pièces détachées industrielles. De ces contraintes, Gildas a tiré une forme de liberté qui laisse toute latitude à l’expérimentation, la recherche et la mise au point de techniques et pièces innovantes au service du musicien. Ingénieur bois de formation, c’est en défricheur qu’il envisage son métier et passe au banc d’essai ses innovations. Chevalets permettant un gain de 6 décibels, pontets* limitant la casse des cordes lors d’accordages particuliers et câblages des micros optimisés et soignés, chaque détail bénéficie d’une attention particulière, loin des standards industriels qui font pourtant la loi sur le marché des instruments. Une vision très technique qu’il combine à une envie de simplicité et de robustesse dans les finitions. Ici, point de vernis laqué aux couleurs tapageuses mais au contraire de superbes teintes naturelles qui révèlent les veinages du bois. Exit les revêtements plastiques, remplacés par de larges plaques de métal brut patiné à la main ou au chalumeau.
En choisissant de fabriquer autrement, en ne travaillant que des matériaux locaux ou issus de la récupération, avec en point de mire une démarche respectueuse de l’environnement, Gildas a fini par conquérir au-delà de la région et les passionnés de stoner, métal et rock plutôt velu viennent régulièrement passer commande dans le petit atelier perdu dans la campagne, entre le potager que l’on devine bio et la grange où sèche le bois de futures guitares vraiment pas comme les autres…
*pièces sur lesquelles reposent chaque corde d’une guitare sur le chevalet.
- Marc
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DasViken Guitars
La Ville Glay, 22210 La Prénessaye
© DR
