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Darhaou : Direnni
Musique bretonne à danser mais pas que
Moi, Sonneur ? Batteuse plutôt, Votre Honneur. Dix-huit ans qu’on dansait heureux. Voilà notre histoire condensée. Dire qu’on en oublia presque le bruit des bottes et du pas cadencé.
Moi, Sonneuse ? Vous mettez pas martel en tête, Charles, l’aire à battre n’est qu’un prétexte. En reste-t-il ? Des occasions de coude à coude ? Chacun la pogne dans celle de ses voisins, brusquant le silence des convenances polies pour rassembler le monde dans la ronde qui bat du pied comme un cœur qui dit ce que la langue ne peut ?
La transe est convoquée, le vieux Darhaou sait que le Moi Sonneur est sur la scène. Son esprit rend hommage aux soutiers invisibles (Bubu nous manque), aux influences multiples, aux récoltes à venir. Darhaou rutile, superbe. L’assemblée des danseurs est son batteur dans la salle. Dans la transe qui monte, vient à se dissoudre le crispé des jours de taf, les rancœurs des frustrations, les ferments totalitaires. Une pluie très verticale, très péremptoire comme un premier jour de révolte, martelant le sol gris luisant sur fond de terril ardoisier, s’installe. Tel un pupitre de caisse-claires. Les gens qui, de concert, battent du pied sur l’aire commune n’ont pas besoin de chef.
- Pilc