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Voyage au bout de la nuit

19 avril 2019

Immersion sonore

Voyage au bout de la nuit


Nichée au cœur de la ville de Guingamp, c’est une silhouette massive que connaissent bien les habitants. Ouverte en 1841, la prison, premier modèle du genre à contenir des cellules individuelles, s’apprête à connaître un second destin à la vocation bien éloignée de son objet d’origine. Dorénavant, c’est donc vers l’extérieur et à l’accueil de public que le bâtiment officiellement désaffecté depuis 1951 ouvre ses portes en ce milieu de printemps. Outre l’accueil du Centre d’Art GwinZegal dans un tout nouvel espace dédié, la prison de Guingamp se prépare à livrer ses secrets à ses futurs visiteurs qui pourront déambuler dans un lieu rénové à l’identique dans le respect de l’architecture d’origine.
Pour parfaire cette immersion pas comme les autres, une balade sonore intitulée Des mots et des murs est proposée.



Partie non rénovée de la prison, non accessible au public © DR


C’est donc bien une odyssée dans le temps qui attend les futurs visiteurs. Et si l’intérêt d’ouvrir au public une porte sur les particularités de l’architecture carcérale se confirme dès les premiers pas sur le chemin de ronde, c’est qu’ici, on perçoit immédiatement un souffle étrange, réminiscence des nombreux destins brisés de ceux qui y ont séjourné. Ce souffle, cette mémoire et ces voix depuis longtemps éteintes, l’auteur Julien Simon et le compositeur Philippe Ollivier ont décidé de leur rendre hommage, de les faire revivre. Car derrière les verrous et les portes closes, les histoires personnelles croisent la grande Histoire et ses époques tourmentées. Julien Simon s’est donc donné pour mission de faire remonter à la surface ces destins engloutis par le temps en explorant les sources judiciaires, dernières traces des vies des détenus. De ce travail d’historien entre restitution scientifique et réinterprétation fictionnelle, est donc né un parcours sonore qui permettra au visiteur d’appréhender le passé du lieu et de ceux qui l’ont fréquenté. Prostituées, ivrognes, vagabonds, réfugiés espagnols, coupables de menus larcins et escrocs de bas étage se sont succédé dans ces lieux clos et ce sont leurs vies que Julien Simon retrace, interprétées par des comédiens amateurs.


Recréer le réel grâce à la fiction
C’est toute la vie de la ville et de ses environs qui surgit donc grâce à la magie sonore. Au fil de la déambulation dans la cour et les cellules, on croise les témoignages de Louise accusée d’avoir mis au monde un enfant mort en 1901, d’Eugène, 45 ans, arrêté pour vagabondage ou encore les mots d’un jeune réfugié espagnol interné en 1936. De cette réécriture d’un passé, au fil de la visite, une armée de fantômes que l’on jurerait bien vivants semble de nouveau occuper les lieux. Et loin de n’être qu’une simple lecture à voix haute des histoires personnelles, cette véritable bande originale recrée l’ambiance étrange d’un lieu jadis replié sur lui. Claquement des serrures, cliquetis des trousseaux de clés, portes qui se ferment et chuchotements amplifiés par les échos des murs patinés par le temps, c’est toute la prison qui semble reprendre vie sous nos yeux. Et lorsque l’on s’aventure dans une sombre cellule au son de ces destins narrés, les graffitis laissés par les détenus s’accumulent comme autant de preuves de leur passage achevant de nous plonger dans un passé qui nous semble un peu moins lointain… Curieusement, en miroir de ces témoignages parfois sombres et violents, la quiétude actuelle des lieux confère à la visite une ambiance apaisée. La cour pavée à l’identique de celle construite à l’origine et l’enfilade de cellules qui l’entourent, ajoutent à cette impression de pénétrer dans un lieu religieux à la manière des cloîtres gothiques qui invitent au recueillement. On se prend donc à imaginer les rondes des gardiens et les monologues des détenus solitaires ; on suit les pas de ceux qui ont mille fois foulé le sol de la petite cour de promenade et l’on glisse son regard en haut des murs tout comme ceux qui sont parvenus à s’évader l’ont fait il y a près d’un siècle…



Graffiti d’un calendrier d’un détenu dans une cellule - avril 1945 © DR


Entre fourmillement des voix exhumées du passé et silence alangui du présent, on quitte les lieux avec l’étrange sensation de l’apnéiste qui remonte à la surface après une plongée abyssale, laissant derrière nous et les hauts murs de pierre un monde clos conservant en son sein les destins d’hommes et de femmes qui nous semblent un peu plus vivants.


- Marc

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Inauguration les 26, 27 et 28 avril 2019
www.gwinzegal.com

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