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Carte blanche à Philippe Caharel
Avec "Fragiles apparences", le photographe met en lumière des aspects du territoire rarement considérés comme dignes d’un intérêt photographique.
Pour mener à bien ma série photographique Fragiles apparences, j’ai parcouru pendant des mois les départements bretons avec l’idée de raconter mon pays en questionnant l’évolution du paysage et ses changements successifs produits par nos modes de vie.
Régulièrement, je pars en prise de vue comme à l’aventure dans cette campagne bretonne. J’observe et je découvre les signes du changement qui se manifestent : la pression urbaine sur le littoral, l’abandon progressif des petits bourgs, l’industrialisation et
l’urbanisation constantes. C’est un territoire en perpétuel mouvement qui forme une curieuse cartographie, complexe à déchiffrer, où les espaces et le temps se sont enchevêtrés.
Ce sont plus particulièrement des lieux intermédiaires que j’interroge, des lieux habités où les opposés s’enrichissent, des lieux ordinaires où le petit accroc, le léger défaut va rendre plus étrange la réalité et percer le voile souvent trompeur des apparences.
Artiste du peu et du vide, du silence et de l’espace, je m’interroge constamment sur la façon d’appréhender les espaces ordinaires, de composer avec chacun des éléments présents afin d’y trouver un sens et de traduire une émotion. Une lumière homogène et douce, une prise de vue souvent frontale, une absence de contrastes violents et une légèreté dans les tons donnent à l’image une plasticité assez forte même si les lieux sont faibles et délaissés. Leur transformation photographique les rend attachants.
Il s’agit d’une recherche conceptuelle et poétique pour peindre des paysages que j’ai peur d’oublier. Cette région je l’aime et je la revendique, mes racines sont ici.
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Le photographe breton Philippe Caharel n’appartient à aucune école, si ce n’est celle des photographes qui sont au cœur de ses références : Harry Callahan, Lee Friedlander, Luigi Ghirri, Josef Koudelka... Son écriture photographique est en continuelle évolution. Naviguant entre réalisme et poésie, traversant les apparences, il interprète le sujet avec une écriture d’auteur où le pouvoir de suggestion est souvent plus fort que la description.
Sa série Fragiles apparences est exposée du 24 juin au 7 octobre 2017 à la galerie L’Imagerie à Lannion.
Confort-Meilars © Philippe Caharel
Landebia © Philippe Caharel