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On a survécu au Motocultor 2023

6 septembre 2023
On a survécu au Motocultor 2023


Il nous aura fallu un peu plus d’une semaine pour nous remettre totalement de cette bluffante édition 2023 du Motocultor, le temps de reprendre nos esprits et livrer le présent report de ces journées dantesques. Arrivés sur le site le jeudi, nous sommes d’emblée séduits par la fluidité de l’accueil du public, la dimension du site et son aménagement qui permettent au festival de changer d’envergure améliorant nettement la qualité de cette édition par rapport aux précédentes. Pour commencer en douceur, on se presse devant la Bruce Dickinscène pour le concert des rockeurs les plus vintage du 29 : Komodor. Comme nous, le public est conquis par le rock 70’s un poil psyché des Bretons qui s’en donnent à cœur joie et ne cachent pas leur plaisir d’ouvrir cette édition. Après cette parfaite mise en jambes bourrée d’énergie, on file jeter une oreille à Grade 2 qui peine à nous convaincre avec leur punk ultra-basique au son tristement maigrichon (cette snare WTF !). On enchaîne avec les trasheurs des enfers de Warbringer sur la Supositor Stage et nous ne sommes clairement pas déçus puisque tout y est depuis les riffs à découper le rôti du dimanche jusqu’à la pluie de double-pédale. Nous voilà rassasiés pour un moment. Après une pause hydratation prolongée, nous démarrons la soirée avec les Espagnols d’Angelus Apatrida qui ne dérogent pas à leur réputation d’excellents trasheurs avec un live maîtrisé, hargneux comme on les aime. Nous n’évoquerons pas le live de Zeal and Ardor qui, malgré une grosse production et une exécution parfaite, nous laisse comme un étrange arrière-goût, la faute à leur mix entre métal et blues qui nous a semblé un poil forcé, presque artificiel. Nous réservons nos chastes oreilles pour les deux gros morceaux qui suivent avec tout d’abord les légendes de Coroner. Puissant, cinglant et curieusement moderne, le trash des tontons du genre fait mouche devant un parterre tout acquis à leur cause. Bien mises en avant dans le mix, les guitares sont tranchantes à souhait et retranscrivent parfaitement l’ambiance froide du répertoire du groupe. À peine remis de nos émotions, on se laisse happer par la surprise de la soirée avec les Américains de Hatebreed. Hatebreed on connaît, on les a vus 200 fois, mais ce soir-là ils sont vraiment remontés et la claque est violente. Le groupe enchaîne les bombes et dès le premier titre, le circle-pit se déchaîne envoyant dans les airs une bonne dizaine de téléphones qui disparaîtront à tout jamais, piétinés par la horde sauvage. Extinction des feux.
Après une bonne nuit de sommeil et une journée consacrée au rétablissement des corps, des esprits et l’achat d’un nouveau téléphone portable, retour dans l’arène pour le show de Humanity’s Last Breath et leur métal à la froideur glaçante sombre comme un puit sans fond. Massif, précis, lourd et implacable, le style du groupe prend toute son ampleur sur scène, servi par un son ultra-compressé et juste assez fort pour nous faire plonger dans une transe glauque à souhait. Belle surprise. Deux (excellentes) galettes complètes et une brouette de frites plus tard, lestés comme il faut, on arrive tout juste à temps pour la team de Terror qui, sans surprise, nous colle une bonne vingtaine de droites en pleine face servies par un groupe au sommet de sa forme et à l’énergie incroyable. On prend quelques minutes de repos à l’espace presse depuis lequel nous entendons l’excellent live de Carcass avant de replonger au cœur de la fournaise avec Deicide. Qui eût cru que ce cher Glenn Benton en ai encore suffisamment sous le capot pour nous scotcher à ce point ? Comme prévu, le groupe joue l’intégralité de son album culte Legion suivi de ses meilleurs hits (sauf Serpents of the Light) avec une fougue et une hargne qui fait franchement plaisir à voir. On peut se flageller tranquille, le roi du blasphème Benton et sa troupe ont encore de beaux jours devant eux. Du coup, on est un peu sous le choc lorsque Napalm Death débarque sur scène et on peine un peu à accrocher malgré tout notre amour pour ce groupe de légende qui a - presque – tout inventé. Il faut dire que la soirée est chargée, que la fatigue se fait sentir et que nous avons comme objectif le doublé Marduk-Brieg Guerveno. Les Suédois déroulent leur BM frontal de manière efficace en mode offensive de blindés clôturant leur set avec l’imparable Of Hell’s Fire issu du formidable Nightwing. Fin du game de ce vendredi avec le très beau live de Brieg Guerveno que nous suivons dans son intégralité. Magnifique comme toujours. Rideau.
Troisième jour. Nous sommes clairement à bout de forces. Cette ultime journée (nos obligations nous obligent à zapper la pourtant excellente journée de dimanche), commence dans la lumière et la rage avec les talentueux Birds In Row qui livrent comme à leur habitude un live intense, totalement habité alternant plages ascensionnelles et explosions noise ultra-violentes. Frisson et larmichette d’émotion (si, si). Quatre galettes complètes et deux brouettes de frites plus tard, on s’apprête à recevoir docilement la méchante torgnole de la journée avec les gamins de Gatecreeper qui ont décidemment tout compris à tout. C’est bien simple, leur live est un condensé de tous les meilleurs plans du métal, du mosh le plus massif au blast le plus salace, le tout servi par une fraîcheur et une simplicité confondantes. Assurément un des meilleurs shows que l’on ait vu sur de cette édition 2023. Hagards, nous n’entendrons que quelques notes lointaines des pourtant superbes Brutus avant de sombrer à nouveau dans la violence glaciale la plus totale avec les Allemands de Der Weg Einer Freheit que nous attendions de pied ferme. Emphatique, héroïque, romantique et vicieux, le black de cette formation à la scénographie dépouillée nous emporte littéralement au pays de Wagner avec une efficacité redoutable. Mention spéciale aux blasts in-ter-mi-nables qui donnent à la musique du groupe des allures de transe infinie. Nous achevons cette journée avec le trash jouissif et ultra basique de Sodom avant de rejoindre nos vans totalement vidés mais heureux, pour une nuit bien méritée suivie d’un repos éternel de 364 jours, jusqu’à la prochaine édition.


Crédit photo : Nicolas Chaigneau

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