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Art Rock 2022 : Phoenix, Gargantüa, Juliette Armanet et Cie
Nous l’attendions depuis des mois cette édition grand format. Deux ans que Saint-Brieuc n’avait pas connu cette effervescence unique menée par l’un des tous derniers festivals en cœur de ville en France. Alors forcément quand on regarde dans le rétro en ce mardi matin, on se dit que l’année va être longue avant la prochaine édition qui célèbrera les 40 ans d’Art Rock, notre festival à tous. Bilan.
Vendredi
19h. Comme tous les ans, nous commençons notre marathon musical par l’indispensable mise en jambes ArtBist’Rock et l’on jette notre dévolu sur le dj set Lamar Shedd au Bistrot de La Poste. Gin Tonic, gym tonique et disco électrique nous aideront à ne pas tout lâcher pour rentrer au sec au moment où la mousson s’abat sur le centre-ville. Deux heures plus tard, la place de la Poste s’est vidée, des torrents d’eau dévalent les rues et pourtant on se prépare pour LE concert qu’il ne faut pas manquer en cette soirée d’ouverture. Une fois l’orage passé on se retrouve donc devant la Grande Scène au sec pour le show de Phoenix que le groupe vient tout juste de finaliser puisqu’il s’agit de la toute première date de cette nouvelle tournée. Les Versaillais entament leur set avec l’imparable Lisztomania et dès les premières minutes on comprend vite que ce démarrage en trombe place la barre très très haut pour le reste du festival. Son impeccable, parfaite exécution (mention spéciale au batteur) et scénographie bluffante font de cette entrée en matière ce qui restera pour beaucoup le meilleur concert du festival… On poursuit, toujours face à la Grande Scène, avec French 79 et son électro taillée pour lâcher les chevaux après une soirée en mode bipolaire, trempés jusqu’aux os, mais des paillettes plein le cœur.
Samedi
On démarre tout doucement l’après-midi avec l’expo Mirages & Miracles d’Adrien M & Claire B au Musée. Le succès est total puisque le public doit faire la queue pour entrer et patienter avant de pouvoir découvrir le travail impressionnant des deux artistes entre pointillisme moderne et réalité augmentée ludique. Le soir, on fait un rapide passage par le Yaskiff où mixe une partie du collectif Volume dj’s avant de filer vers la Grande Scène pour le doublé de la soirée Gaël Faye-Juliette Armanet. Le premier gagne notre sympathie immédiatement et confirme ce que l’on pensait déjà de lui : surdoué, vrai et touchant (il remerciera chaleureusement l’ensemble des bénévoles du festival), on se laisse volontiers embarquer. Retour rapide dans l’hyper-centre où l’on constate que l’effervescence est encore montée d’un cran : les terrasses sont pleines, les déambulations du public dans les rues se muent en dancefloor, on sent que ces retrouvailles font du bien. Retour devant la Grande Scène pour le très attendu concert de Juliette Armanet. Nous avions littéralement adoré son dernier concert à Art Rock au théâtre de La Passerelle en 2018 et attendions donc logiquement beaucoup de celui-ci. Incandescent, dansant, intime et toujours aussi touchant, le répertoire de la chanteuse s’est étendu avec son nouvel album, ce qui donne un concert d’une efficacité redoutable. Très joli moment. On terminera cette « session Grande Scène » par un échantillon de l’intrigant show S+C+A+R+R et son électronique menée par un personnage tout en charisme hors les clous. Sur le chemin du retour, les pistes de danse se sont encore multipliées dans le centre-ville et nombreux sont les festivaliers à investir les terrasses comme autant de fêtes sauvages débridées. C’est l’heure de rentrer.
Dimanche
Après le traditionnel barbecue du week-end on se prépare à une copieuse soirée puisque nous prévoyons d’assister au show de Clara Luciani, de faire un saut pour la performance de Dalle Béton, d’aller guincher au 1701 devant les platines de Lamar Shedd & Julien Tiné avant de conclure par le triplé des enfers programmé au Forum de La Passerelle : Gustaf, TV Priest, Gargantüa. Ambitieux programme donc…
Il est 19h30 lorsque les foufous de Dalle Béton préparent le matériel de chantier qui servira à couler une véritable dalle en béton sur la terrasse du Bistrot de La Poste devant une foule éberluée. Le show est conforme à ce que nous en attendions : très punk, joué de manière assez scabreuse et surtout en totale roue libre. Un groupe à surveiller. Un kebab Place du Chai plus tard, direction le 1701 pour se déhancher une bonne heure et demie devant les platines de Julien Tiné & Lamar Shedd qui doivent cumuler à eux deux pas loin de 38 heures de mix en trois jours… Une fois n’est pas coutume nous les abandonnerons en cours de soirée pour jeter une oreille au concert de Clara Luciani sur la Grande Scène. Scénographie impressionnante, son efficace et tubes en pagaille, le disco de Clara fait mouche auprès d’un public tout acquis à sa cause. Mention spéciale à sa reprise de Metronomy La Baie qu’elle dédicace à notre Baie de Saint-Brieuc. Sans perdre une minute, on se rue à La Passerelle pour la fin du set de Gustaf. Si on sent que le groupe foisonne d’idées et déborde de créativité, il peine à nous convaincre totalement. Ce n’est pas le cas du concert de TV Priest, totalement maîtrisé, qui déroule un post punk très bruitiste façon rouleau compresseur. Seul bémol : que les scansions du chanteur charismatique ne tirent davantage vers la mélodie. C’est dans un Forum chauffé à blanc que débarque le duo Gargantüa pour un concert de clôture en forme de rave punk satanique. Le groupe transforme la foule massée dans la fosse de la Passerelle en horde avide de gabber, les slams depuis la scène se succèdent et lorsque le son se coupe dans une avalanche de hurlements, on se dit qu’on ne pouvait rêver mieux comme clap de fin. A l’année prochaine.
- La rédaction
Photo : Phoenix © Gwendal Le Flem
