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Décembre 2017 : Plus loin que le bout de son nez
On pense souvent que, quand on se connaît bien, on se comprend à mi-mots, qu’il peut suffire de commencer une phrase pour que l’autre la comprenne sans aller plus loin. On se trompe, et il y a tout intérêt à compléter sa phrase jusqu’au bout. En fait il s’agit même de compléter sa pensée jusqu’au bout, jusqu’à analyser les conséquences qui découlent d’un début de pensée. Ca s’appelle aussi « Voir plus loin que le bout de son nez ».
Par exemple, quand on dit « Monter un magasin dans une zone commerciale péri-urbaine, ça va créer 15 emplois », il faudrait continuer par « mais tuer 50 emplois en centre-ville ». Ou alors par « jusqu’à ce que la zone en question finisse par étouffer et exploser ». Sans aller jusqu’à être visionnaire, il faut être lucide et percevoir les réactions en chaîne de ce qui au départ peut sembler être une bonne idée. Combien de bonnes idées sont en réalité de fausses bonnes idées ! Retournons à nos moutons, ceux qui vont dans la zone, la tueuse de ville. Une des premières conséquences va être « Chers concitoyens, vous avez le choix entre le moche et la mort ». Ca fait hésiter ! Entre Charybde et Scylla, on va choisir le moins pire (un pis-aller), c’est-à-dire le moche plutôt que la mort. Mais au bout du bout des conséquences s’enchaînant, il y a pas moins que la fin du monde ! La finalité de la manœuvre, c’est le pseudo-enrichissement, pseudo parce que c’est l’accroissement d’un contenu quantitatif, et non pas qualitatif, jusqu’à exploser d’une overdose de contenu. Le salut de l’homme, et donc du monde, est dans la qualité de son contenu, pas dans sa quantité.
Ne pas oublier aussi une autre conséquence : à un moment, les gens en auront marre de ces conditions inhumaines, et ils retourneront vers les vraies villes et les vraies campagnes pour retrouver la vraie vie. Qui ira alors au secours des ex-mastodontes ?
Il est encore possible de sauver le monde, pensez-y au moment d’aller faire vos emplettes de Noël !
Patrice Verdure
Habitant de ville