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Billet Rose #3
Je m’appelle Rose, j’ai 19 ans et je suis en mission de service civique à la rédaction du CRI. Jusqu’en juin prochain, partagez ma vie de volontaire au cœur de la culture de notre territoire.
On ne présente plus Zaï Zaï Zaï Zaï, le roman graphique de Fabcaro paru aux éditions 6 pieds sous terre. Après plusieurs adaptations au théâtre et au cinéma, le Blutack Theatre surprend avec son parti pris innovant sous forme de road movie théâtral utilisant la vidéo, le montage en direct et la projection comme biais scénographique. Si le comédien Grégory Bourut incarne à lui seul avec humour et subtilité tous les personnages, ce qui marque dans cette proposition, c’est bien le rôle d’Hugo Moreau, à la fois vidéaste et monteur – d’ordinaire un travailleur de l’ombre – qui devient visible et fait ici irruption dans la narration. Imperturbable, le technicien capte les actions réalisées en direct grâce à une caméra, puis, les traite pour en faire des boucles (il s’agit là du même principe que le sampling en musique) et les projette sur un grand écran derrière le comédien. La prise de vue réelle des plans filmés devient graphique pour s’intégrer à la colorimétrie et au trait de crayon de la bande dessinée. Ce procédé cinématographique permet à la fois de donner du mouvement et de la profondeur aux dessins de Fabcaro mais également de faire du monteur un élément structurant du spectacle vivant ; il devient un personnage à part entière dans la pièce et donne la sensation au spectateur d’assister au tournage d’un film, comme un étrange making-of dans lequel le cinéma ferait irruption sur la scène d’un théâtre. Cette version hybride transmédiatique de l’œuvre de Fabcaro, que j’ai pu voir le 29 mars à La Ville Robert (Pordic), ouvre ainsi de nouvelles perspectives à ceux qui, comme moi, se destinent aux métiers de l’audiovisuel, trop souvent métiers de l’ombre, du studio, qui, cette pièce le prouve, ont pourtant toute leur place en pleine lumière, sur le devant de la scène.
- Rose
