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Avril 2024 : Dans l’absolu, c’est pépite
Au même titre que nos empreintes digitales ou notre ADN constituent des traces incontestables de notre passage en des lieux ou sur des objets et permettent d’attester de notre présence à un instant donné, il est amusant de constater que ce que nous écrivons permet non seulement d’identifier relativement précisément l’auteur d’un texte via son style, sa syntaxe propre, mais aussi l’époque de production d’un écrit. On peut ainsi se livrer à un petit jeu édifiant en investigant à la recherche d’indices permettant de dater la production de tel ou tel texte. À ce titre, les scories langagières à la mode sont de véritables joyaux pour les Indiana Jones de la presse écrite. On pourra ainsi dater sans peine un texte contenant les termes « bienveillance », « essentielle » ou « pas de côté » de la période post-Covid, alors qu’une chronique marquée du sceau de l’enfer d’un « C’est pépite ! » pourra sans effort être datée avec certitude de la fin 2023-début 2024. Ne voyez cependant pas dans cette réflexion amusée le snobisme d’un supposé journalisme exempt de tout reproche, l’auteur de ces lignes usant et abusant régulièrement du tout aussi fatigant « Dans l’absolu »… Amusons-nous plutôt de cette propension à succomber aux marottes du moment, inconsciemment absorbés que nous sommes dans un flot de storytelling à haut débit qui influence nos propres écrits. Le prix à payer pour une écriture certifiée 100 % humaine et 0 % IA ? Peut-être bien.
- La rédaction