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ART ROCK 2024

22 mai 2024

Report

ART ROCK 2024


Il nous aura fallu quelques jours pour redescendre du petit nuage sur lequel nous a propulsés cette exceptionnelle édition 2024 du festival Art Rock… Quelques jours pour digérer les émotions, les rires, l’excitation et la fatigue accumulés après plus de 72h de joie et de partage. Comme chaque année, après une petite déambulation dans les rues déjà bondées du centre-ville de Saint-Brieuc, c’est par la Scène B que nous entamons vendredi le marathon et le live attendu de notre chouchou local de l’étape Alter Real. Solide et ciselé, le répertoire construit par le groupe s’avère efficace en live avec une mise en place irréprochable, Xavier et sa bande offrant une impeccable prestation de pop électronique ouatée et aérienne complètement maîtrisée. À peine le temps d’avaler rapidement l’inévitable galette saucisse, emblème de la gastronomie briochine, que nous filons déjà devant la Grande Scène pour tenter de dégoter une place de choix pour le show de The Libertines, tête d’affiche de ce vendredi excitant. Que dire… Que dire sinon que Pete Doherty, véritable coqueluche du groupe, vêtu de son costume de dandy est décidément toujours très en forme. Facétieux, sensible, nonchalant, le leader du groupe déroule avec une classe des rues toute britannique la collection de hits qui leur sert de discographie. Bien évidemment les années sont passées et si l’âge commence à se faire sentir sur l’énergie globale, l’approximation de l’exécution et quelques bombinettes tirées de leurs débuts suffisent à ré-enflammer nos cœurs comme au plus fort des années 2000, malgré un son en deçà de nos attentes. Difficile ensuite d’enchaîner avec le Forum et la prestation de Tukan qui déroule son jazz électro de manière trop robotique pour totalement nous convaincre. C’est donc les cœurs encore baignés de cette atmosphère si particulière des bas quartiers de Londres que l’on préfère en rester là pour cette première journée. Le lendemain, après une belle journée ensoleillée (qui a écrit qu’Art Rock aurait « le cœur parapluie » ??!), nous avons rendez-vous avec Lesneu au Village pour profiter de l’ambiance de serre tropicale assez cool (tropicool ?) avant de filer à l’expo Mythologíes au musée. Mais la grande affaire du jour c’est bien sûr le concert des stars du trip hop, Morcheeba, sur la Grande Scène. Encore une fois il nous aura fallu jouer des coudes pour parvenir à nous glisser jusqu’à la régie afin de bénéficier d’une position d’écoute confortable. Devant un parking Poulain-Corbion bondé, le groupe entame une interprétation de ses plus grands succès en grande partie tirés de Big Calm, leur album cultissime marqueur de la fin du XXe siècle. À l’inverse de la veille pour The Libertines, ici la maîtrise est totale, le son, d’une clarté bluffante. Bluffante, tout comme la voix de Skye Edwards, qui n’a pas pris une seule ride et plane au-dessus des harmonies avec une grâce rare et sensible. Le même soir, un rapide passage vers la Scène B nous aura permis de constater que Sam Quealy est bien la performeuse désaxée que nous supposions. Idem pour Kerchak dont le flow frontal au cœur d’une scèno WTF, prenant comme décor la façade de la gare de Bois-Colombe, confirme son statut de leader de la scène rap hexagonale. Comme la veille, on se presse rapidement au Forum pour la grosse soirée post-punk qui s’annonce. Nous arrivons juste à la fin du show de Ditter qui a déjà commencé à enflammer La Passerelle et nous pressons dans la fosse pour le début du live de La Sécurité, groupe montréalais, dont le mélange un poil timbré de post-punk yé-yé passé à la moulinette québécoise fait mouche immédiatement. Suivront les très attendus Fat Dog qui entament leur set avec l’imparable All the Same et sa production ultra compressée. Immédiatement, la magie opère et le groupe passe en mode déglingue, assénant trois OVNI de ska-post-punk timbrés avant de poursuivre par une incongrue reprise du hit dance Satisfaction de Benny Benassi (sic !), qui achève d’enfoncer le clou avant le gros virage jouissivement brutal de la fin de set. Rideau. Dimanche, nous rassemblons nos forces et commençons les hostilités avec le concert de Global Network et sa musique électronique analogique hyper intéressante et plutôt cool en live, quelque part entre nostalgie synthétique et songwriting à la Thom Yorke. Nous passons rapidement sur le concert de Calypso Valois qui, s’il captive le public de la Scène B, ne parvient pas à nous retenir face à notre envie de retrouver la suite de la programmation de la Grande Scène. Une Grande Scène qui accueille Lou Doillon à notre arrivée pour un concert qui se révèle une excellente surprise, la chanteuse parvenant à donner corps avec talent à un répertoire folk-rock, presque rocailleux façon americana à la française. Très chouette ! Nous prenons une courte pause hydratation et on se dirige au pied de la régie, pour ce qui restera à tout jamais LE concert de cette édition et un moment à part dans l’histoire culturelle de la ville : le show d’Étienne Daho. Si Poulain-Corbion n’a jamais désempli en trois jours, ce dimanche soir, lorsque résonnent les premières notes, il est presque impossible de faire un pas devant soi… Pendant une heure trente qui nous auront semblé passer en quinze minutes, Étienne Daho donne une interprétation à couper le souffle de sa discographie avec une simplicité et une classe folles. Autour de nous les réactions sont dithyrambiques. Il faut dire que le son de ce live, la performance du chanteur et le show lights sont probablement les plus beaux qu’il ait été donné de voir sur cette scène, tantôt transformée en arène clubbing (Tombé pour la France) ou en alcôve intimiste sur le final beau à pleurer d’Ouverture. Sonnés, nous nous dirigeons vers le Forum pour la clôture du festival et les groupes sélectionnés par le chanteur dans le cadre de sa carte blanche. Brut et punk, le set de Batterie Faible scandé comme on hurle à la face du monde est largement entamé lorsque nous débarquons dans la fosse. Après une courte pause lors du set de Fotomatic qui peine à convaincre, on se laisse cueillir par l’hybride shoegaze mystique de Unloved et ses harmonies vocales étranges baignées de reverb. Visiblement, le public en attend plus pour ce final. Ce sera chose faite avec le set de Moise Turizer et leur EBM indus noyée de saturation punk. Beats à la limite de la rupture cardiaque, voix scandées, harmonies sombres, tout y est en même temps que l’énergie jusqu’au-boutiste en forme d’acmé. Sueur, danse, forêt de bras levés, ivresse, jambes en coton et lumières plein les yeux, ce closing du Forum tient toutes ses promesses et c’est le cœur empli de la joie d’avoir vécu une édition exceptionnelle que nous quittons l’arène de cet Art Rock 2024, qui restera définitivement gravé dans nos mémoires.


© Titouan Massé

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