Une Année en forêt - Dominique Fajnzang

©Dominique Fajnzang

La forêt constitue une réalité physique majeure pour bon nombre de sociétés dont elle nourrit puissamment l’imaginaire. Des forêts enchantées aux forêts maléfiques, tapissés de "souvenirs enfouis, de peurs et de rêves ancestraux, de traditions populaires, de mythes et de symboles plus récents" (Harrison : Forêts, Essai sur l’imaginaire occidental). La forêt n’a jamais cessé d’être un lieu travaillant l’imaginaire. Évoquer la forêt et l’arbre serait donc ramener à la surface de nos souvenirs une multitudes d’images.

"Mes premières forêts furent de papier. Qu’elles soient peuplées d’arbres nés du fusain du dessin, de la touche colorée de la peinture, ou qu’elles émergent de l’univers magique des contes de l’enfance, mes premières forêts ne connaissaient de chemins que ceux de l’imaginaire.
Bien plus tard vinrent vrais bois et vraies forêts où l’on pouvait pénétrer et humer la pénombre feuillue. Mais ces forêts que le cadastre reconnaît ont toujours gardé pour moi un arrière-plan où vacillent images et récits, si bien que j’entre en forêt comme on entre en peinture. Les frontières entre réel et imaginaire sont définitivement brouillées. C’est un espace poétique qui s’ouvre à moi. Et c’est cet espace que je cherche à évoquer à travers cette exposition.
Une exposition dont les prémisses remontent à une dizaine d’années. Comme un pianiste fait ses gammes, chaque jour je dessinais un arbre. Je les accrochais côte à côte dans mon atelier et un jour, les observant, je perçus que la forêt commençait à naître. Plus tard j’y glissai un dessin de hibou puis un dessin de cerf, et la forêt se mit à vivre. Mon projet était né : évoquer la forêt, l’imaginaire qui s’y attache, le cycle des saisons, le temps à l’oeuvre. Le projet a maturé pendant dix ans jusqu’à ce qu’il trouve son lieu en l’espace de La Galerie.
Si la nature a été une source inépuisable d’inspiration, des oeuvres d’artistes, à qui je veux rendre hommage, m’ont également servi de modèles. J.-F. Millet, Les bûcherons, J.-B. Corot, Nymphes et faunes, Théodore Rousseau et la forêt de Fontainebleau, Gustave Doré et les illustrations des contes de Perrault, J. Gonzalez, H. Jourdain, Van Gogh… car nombreux sont les artistes qui depuis la nuit des temps ont entretenu une relation forte et intime avec l’arbre et la forêt et les ont représentés.
L’arbre apparaît ainsi comme un fil d’Ariane à travers l’histoire de l’art. »