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Novembre 2016 : A quelque chose malheur est bon

1er novembre 2016


Tous les ans à la même période, mon questionnement se réactive : pourquoi les plus belles œuvres d’art sont-elles celles qui montrent le malheur ? C’est la visite des photos exposées au festival PhotoReporter à Saint-Brieuc en octobre qui me fait cet effet. Ce Sri-Lankais livide condamné par une maladie due aux pesticides, magnifique ! Ces bœufs indonésiens en morceaux sanguinolents sacrifiés pour fêter la mort, sublime ! Ces Haïtiens sinistrés fuyant en masse vers la République Dominicaine voisine, admirable ! Pourquoi les chants les plus beaux sont-ils les plus désespérés ? Les photos "positives", par exemple les volcans islandais, sont belles aussi, mais me touchent moins. Ah ! voilà un mot qui est peut-être un début de réponse : touchent. Il y a dans ces regards, dans ces postures, dans ces situations, une telle vérité sur l’âme humaine, que l’artiste a su choper, que ça nous fait vibrer et trouver beau. Quand en plus l’artiste a su profiter d’un jeu de couleurs, de formes, de lignes, ça devient du grand art. Le photographe lambda, dans la même situation, ne saura pas saisir le bon moment, le bon angle, la même composition. Est-ce que sa photo n’aura pourtant pas la même portée sur le spectateur ? Non, parce que l’aspect esthétique favorisera la perception et fera mieux passer le message. La femme irakienne prostrée devant son enfant tué par une bombe apprécierait-elle que l’on s’extasie devant la beauté de la scène ? Elle ne se posera jamais la question, rassurons-nous. Mais c’est bien que la photo existe, et si elle peut faire un peu bouger nos consciences, c’est encore mieux. Est-ce le malheur qui rend l’œuvre belle, ou est-ce parce l’artiste l’a rendue belle qu’elle nous rend sensible au malheur, alors que le malheur est par essence moche ? En fait, ce que je rapporte ici à la photo est valable pour tous les arts, théâtre, cinéma, littérature, peinture, musique, et même l’humour. On a compris ça depuis la tragédie grecque.
Je me rends compte, en terminant, que je me suis focalisé sur l’esthétique du malheur, et qu’en fait la réflexion sur le Beau mérite au moins 2 000 pages ou 2 000 ouvrages, plutôt que 2 000 signes !


Patrice Verdure
Esthète de l’art

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