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David Farmer : Heidegger le nazi ou l’assassin d’Ulysse
Roman
« Tu sais quand même que tout le monde s’en fout de ton Heidegger ? ». C’est avec ces mots que David Farmer résume le faible intérêt que l’on porte aux affinités du philosophe allemand avec la doctrine nazie. Querelle d’intellectuels en manque de stimuli, tarte à la crème de la philosophie pour les nuls, la probité d’Heidegger n’intéresse plus grand monde. Sauf Hector Paris, érudit trublion qui a décidé d’en faire son cheval de bataille. Il dérobe les archives classées confidentielles du philosophe et se rend à Todtnauberg pour brûler sa hutte emblématique. Le récit (fictif) de David Farmer, sous forme de réquisitoires, relate le procès du jeune agitateur souhaitant en découdre avec un siècle d’aveuglement intellectuel.
Etrange objet que Le Nazi Heidegger. En moins de deux cents pages, l’auteur entrechoque avec talent les codes, les références de l’élite ou de la plèbe. Heidegger distinguait l’être et l’étant, Farmer semble vouloir les réunir, dans un récit passionnant, bouillonnant de verve et d’allusions plus prosaïques. Et si un bagage d’histoire de la philosophie permet de mieux apprécier l’ensemble, le sujet n’est pas là. Au fil des pages se dessinent des interrogations actuelles : liberté d’insoumission, résistance de la pensée. L’homme révolté, Camus n’est pas loin. Ponctué d’humour, Le Nazi Heidegger tire sa force de cette philosophie positive. Et ça fait du bien.
- Johann B.
Editions Sur le Fil
Rencontre dédicace avec l’auteur le samedi 7 juillet 2018 à 15h à la Fnac de Saint-Brieuc. En présence de Johann Bourgès, professeur de littérature et de cinéma, chroniqueur littéraire.
